L'OT de Marseille participe à une étude de santé publique, qui doit permettre de mesurer l'impact de l'ensemble des pollutions générées par les activités portuaires - Photo AB
Depuis l'été 2022, le nouveau conseil municipal de Marseille ne cache pas son opposition à la présence des mégaships dans le port de la Cité phocéenne.
Après une pétition ou encore le retrait de sa participation au financement du Club de la Croisière, la mairie, via son Office du Tourisme, a décidé de s'associer à différents projets afin de mesurer l'impact réel de la croisière sur la ville.
« Nous avons signé un accord avec le Grand Port maritime de Marseille pour mener une étude sur le tourisme issu des croisières » a indiqué, jeudi 11 avril 2024, Laurent Lhardit, le président de l’Office de Tourisme, des Loisirs et des Congrès de Marseille et adjoint au Maire de Marseille, en charge du dynamisme économique, de l’emploi et du tourisme durable, lors d'une conférence de presse.
Dans un premier temps, l'OT souhaiterait déjà connaître le nombre de passagers qui descendent réellement des bateaux de croisière, lors de leurs escales à Marseille.
« Nous ne savons pas aujourd'hui combien de touristes de la grande croisière - c'est-à-dire qui sont à bord de bateaux de plus de 2 000 ou 3 000 passagers - fréquentent Marseille chaque année.
On nous parle de 2,5 millions de passagers en cumulé, mais combien visitent réellement la ville ou la Provence, alors que l'on sait que sur certaines destinations, 70% des gens restent à bord ? D'ailleurs, c'est l'objectif des compagnies, de retenir les passagers à bord pour les faire consommer », commente Laurent Lhardit.
Une étude sera donc réalisée au cours de l'été 2024. « Nous allons probablement arrêter les bus qui transportent les croisiéristes depuis les bateaux vers leurs excursions, pour poser quelques questions simples aux chauffeurs : de quel bateau viennent vos passagers, combien en transportez-vous et où allez-vous ? », précise le président de l'OT.
Après une pétition ou encore le retrait de sa participation au financement du Club de la Croisière, la mairie, via son Office du Tourisme, a décidé de s'associer à différents projets afin de mesurer l'impact réel de la croisière sur la ville.
« Nous avons signé un accord avec le Grand Port maritime de Marseille pour mener une étude sur le tourisme issu des croisières » a indiqué, jeudi 11 avril 2024, Laurent Lhardit, le président de l’Office de Tourisme, des Loisirs et des Congrès de Marseille et adjoint au Maire de Marseille, en charge du dynamisme économique, de l’emploi et du tourisme durable, lors d'une conférence de presse.
Dans un premier temps, l'OT souhaiterait déjà connaître le nombre de passagers qui descendent réellement des bateaux de croisière, lors de leurs escales à Marseille.
« Nous ne savons pas aujourd'hui combien de touristes de la grande croisière - c'est-à-dire qui sont à bord de bateaux de plus de 2 000 ou 3 000 passagers - fréquentent Marseille chaque année.
On nous parle de 2,5 millions de passagers en cumulé, mais combien visitent réellement la ville ou la Provence, alors que l'on sait que sur certaines destinations, 70% des gens restent à bord ? D'ailleurs, c'est l'objectif des compagnies, de retenir les passagers à bord pour les faire consommer », commente Laurent Lhardit.
Une étude sera donc réalisée au cours de l'été 2024. « Nous allons probablement arrêter les bus qui transportent les croisiéristes depuis les bateaux vers leurs excursions, pour poser quelques questions simples aux chauffeurs : de quel bateau viennent vos passagers, combien en transportez-vous et où allez-vous ? », précise le président de l'OT.
Très peu de chiffres sur les retombées économiques de la croisière à Marseille
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Dans un deuxième, l'Office aimerait disposer de données sur les retombées économiques de la croisière.
« Il faudrait pouvoir multiplier un panier moyen par un nombre de touristes. Or sur le panier moyen, la seule étude qui a été menée en 2017 par le lobby de la croisière, c'est-à-dire par le club de la croisière, ne nous paraît pas crédible, car elle donne un panier moyen d’environ 50 euros de dépenses par passager, poursuit le président de l'OT.
Je ne vois pas où les touristes vont dépenser 50 euros en deux ou trois heures de visite ».
Prenant l'exemple du mode de transport entre le bateau et le centre-ville, l'adjoint précise : « La plupart des passagers viennent en bus. Sachant que le siège est vendu par les autocaristes à la compagnie de croisière 9 euros mais que la compagnie de croisière demande 17 euros aux passagers.
Donc finalement, ces produits de visite de Marseille, ce sont d'abord des produits qui permettent à la compagnie d'augmenter ses revenus. Je ne sais pas où et comment les acteurs économiques s'y retrouvent.
Alors, bien sûr, la croisière génère de l'activité pour le grand port maritime, mais je pense qu'il ne convient pas de parler d'un « eldorado des retombées économiques » des compagnies de croisière à Marseille. Parce que si les compagnies de croisière cachent le nombre de touristes qui viennent effectivement sur la ville, il y a bien une raison ».
« Il faudrait pouvoir multiplier un panier moyen par un nombre de touristes. Or sur le panier moyen, la seule étude qui a été menée en 2017 par le lobby de la croisière, c'est-à-dire par le club de la croisière, ne nous paraît pas crédible, car elle donne un panier moyen d’environ 50 euros de dépenses par passager, poursuit le président de l'OT.
Je ne vois pas où les touristes vont dépenser 50 euros en deux ou trois heures de visite ».
Prenant l'exemple du mode de transport entre le bateau et le centre-ville, l'adjoint précise : « La plupart des passagers viennent en bus. Sachant que le siège est vendu par les autocaristes à la compagnie de croisière 9 euros mais que la compagnie de croisière demande 17 euros aux passagers.
Donc finalement, ces produits de visite de Marseille, ce sont d'abord des produits qui permettent à la compagnie d'augmenter ses revenus. Je ne sais pas où et comment les acteurs économiques s'y retrouvent.
Alors, bien sûr, la croisière génère de l'activité pour le grand port maritime, mais je pense qu'il ne convient pas de parler d'un « eldorado des retombées économiques » des compagnies de croisière à Marseille. Parce que si les compagnies de croisière cachent le nombre de touristes qui viennent effectivement sur la ville, il y a bien une raison ».
Le Maire demande l'interdiction des mégaships à Marseille
Pour autant, la Mairie de Marseille n'est pas hostile à toutes les compagnies de croisières. « Nous distinguons trois types de croisières.
Le premier, c'est la croisière de masse, aussi appelée dans le rapport de la Chambre régionale des comptes, « la grande croisière », avec des bateaux qui vont accueillir plus de 2 à 3 000 passagers, et qui, avec le personnel de bord, peuvent monter jusqu'à 7, 8, 9, voire 10 000 personnes mais aussi qui, lorsqu'ils rentrent dans un port et continuent à faire tourner leurs moteurs, posent un problème environnemental », ajoute Laurent Lhardit.
Deuxième type de croisière : la croisière classique, avec des armateurs comme Compagnie française de croisière (CFC), basé à Marseille, « qui est assis sur un modèle économique complètement différent, pour lequel les clients vont payer un peu plus cher mais qui laisse le temps aux passagers de visiter les destinations plus longtemps durant les escales », poursuit le président de l'OT.
Enfin, « la petite croisière », sur des navires de luxe, « qui continue à se développer raisonnablement sur Marseille et pour laquelle nous sommes tout à fait d'accord du moment qu'ils ont la capacité de se brancher à quai ».
Au sujet du programme d'électrification du Port de Marseille, qui devrait permettre le branchement simultané de deux navires en 2025, l'adjoint au Maire n'a pas mâché ses mots. « Il est totalement insuffisant étant donné que le port peut accueillir jusqu'à 6 ou 7 navires de la grande croisière simultanément », a souligné Laurent Lhardit, indiquant que le Maire de la Ville, Benoît Payan a écrit en ce sens au Préfet, en demandant d'interdire l'entrée de navires supplémentaires dans le port, du fait de la pollution engendrée par ces mégaships.
« Le Préfet n'a pas répondu positivement à la demande du Maire », a-t-il indiqué, précisant que la Ville a investi 10 millions d'euros « pour aider à la transition de l'activité maritime et portuaire » et qu'elle soutient notamment les projets d'électrification d'autres types de bateaux.
Le premier, c'est la croisière de masse, aussi appelée dans le rapport de la Chambre régionale des comptes, « la grande croisière », avec des bateaux qui vont accueillir plus de 2 à 3 000 passagers, et qui, avec le personnel de bord, peuvent monter jusqu'à 7, 8, 9, voire 10 000 personnes mais aussi qui, lorsqu'ils rentrent dans un port et continuent à faire tourner leurs moteurs, posent un problème environnemental », ajoute Laurent Lhardit.
Deuxième type de croisière : la croisière classique, avec des armateurs comme Compagnie française de croisière (CFC), basé à Marseille, « qui est assis sur un modèle économique complètement différent, pour lequel les clients vont payer un peu plus cher mais qui laisse le temps aux passagers de visiter les destinations plus longtemps durant les escales », poursuit le président de l'OT.
Enfin, « la petite croisière », sur des navires de luxe, « qui continue à se développer raisonnablement sur Marseille et pour laquelle nous sommes tout à fait d'accord du moment qu'ils ont la capacité de se brancher à quai ».
Au sujet du programme d'électrification du Port de Marseille, qui devrait permettre le branchement simultané de deux navires en 2025, l'adjoint au Maire n'a pas mâché ses mots. « Il est totalement insuffisant étant donné que le port peut accueillir jusqu'à 6 ou 7 navires de la grande croisière simultanément », a souligné Laurent Lhardit, indiquant que le Maire de la Ville, Benoît Payan a écrit en ce sens au Préfet, en demandant d'interdire l'entrée de navires supplémentaires dans le port, du fait de la pollution engendrée par ces mégaships.
« Le Préfet n'a pas répondu positivement à la demande du Maire », a-t-il indiqué, précisant que la Ville a investi 10 millions d'euros « pour aider à la transition de l'activité maritime et portuaire » et qu'elle soutient notamment les projets d'électrification d'autres types de bateaux.
Gestion des flux : vers la création d'une « capitainerie urbaine »
De même, elle participe à une étude de santé publique, qui doit permettre de mesurer l'impact de l'ensemble des pollutions générées par les activités portuaires.
« Les résultats vont nous permettre de disposer d'arguments et de pouvoir vérifier tout ce que l'on entend actuellement de la part des habitants, de certains médecins dans les quartiers nord, etc., sur les problématiques liées à la présence des navires », commente Laurent Lhardit.
En cours de réalisation, cette étude devrait nécessiter environ une année pour fournir de premiers résultats. Elle est notamment menée en collaboration avec l'Agence régionale de santé (ARS), AtmoSud ou encore le Grand Port de Marseille.
Enfin, l'Office de Tourisme de Marseille vient d'être associé à un projet de création d'une « capitainerie urbaine », en collaboration avec le Port, les autorités préfectorales, la métropole.
« L'idée serait d'avoir un outil de mesure de l'ensemble des flux qui existent entre le port et la ville et de pouvoir travailler de concert avec le port et leurs plans de développement. Par exemple, installer des entrepôts frigorifiques sur le port plutôt qu'un data center, afin de supprimer un flux inutile de camions qui, aujourd'hui, rentrent et sortent du port parce qu'il n'y a pas d'entrepôts frigorifiques sous douane », indique Laurent Lhardit.
De la même façon, cette capitainerie permettrait à la ville de mieux gérer les flux de passagers à l'embarquement sur les ferries ou les bateaux de croisières en prévoyant de meilleurs équipements, en particulier l'été. « Prenez l'exemple du Boulevard Jacques Saadé : dès qu'un bateau a du retard, vous vous retrouvez avec des voitures sur trois files de chaque côté de l'avenue, les moteurs allumés pour laisser tourner la clim en plein été, c'est l'enfer.
Si on veut réguler, il faut d'abord comprendre, pour être capable de gérer les problèmes en temps réel ».
Cette capitainerie serait envisagée comme un projet collaboratif, co-géré par la municipalité et le Grand Port. « Quand il y a des problèmes avec des touristes étrangers, c'est à nous que les consuls envoient des mails, pour nous dire qu'une famille est à la dérive sur l'autoroute ou qu'un touriste qui doit se rendre en Corse ou en Algérie et qui arrive d'un autre pays d'Europe se retrouve bloqué pendant une demi-journée sous la canicule, sans aucun service à disposition.
Et ça n'est pas le souvenir que nous avons envie qu'il garde de Marseille ».
« Les résultats vont nous permettre de disposer d'arguments et de pouvoir vérifier tout ce que l'on entend actuellement de la part des habitants, de certains médecins dans les quartiers nord, etc., sur les problématiques liées à la présence des navires », commente Laurent Lhardit.
En cours de réalisation, cette étude devrait nécessiter environ une année pour fournir de premiers résultats. Elle est notamment menée en collaboration avec l'Agence régionale de santé (ARS), AtmoSud ou encore le Grand Port de Marseille.
Enfin, l'Office de Tourisme de Marseille vient d'être associé à un projet de création d'une « capitainerie urbaine », en collaboration avec le Port, les autorités préfectorales, la métropole.
« L'idée serait d'avoir un outil de mesure de l'ensemble des flux qui existent entre le port et la ville et de pouvoir travailler de concert avec le port et leurs plans de développement. Par exemple, installer des entrepôts frigorifiques sur le port plutôt qu'un data center, afin de supprimer un flux inutile de camions qui, aujourd'hui, rentrent et sortent du port parce qu'il n'y a pas d'entrepôts frigorifiques sous douane », indique Laurent Lhardit.
De la même façon, cette capitainerie permettrait à la ville de mieux gérer les flux de passagers à l'embarquement sur les ferries ou les bateaux de croisières en prévoyant de meilleurs équipements, en particulier l'été. « Prenez l'exemple du Boulevard Jacques Saadé : dès qu'un bateau a du retard, vous vous retrouvez avec des voitures sur trois files de chaque côté de l'avenue, les moteurs allumés pour laisser tourner la clim en plein été, c'est l'enfer.
Si on veut réguler, il faut d'abord comprendre, pour être capable de gérer les problèmes en temps réel ».
Cette capitainerie serait envisagée comme un projet collaboratif, co-géré par la municipalité et le Grand Port. « Quand il y a des problèmes avec des touristes étrangers, c'est à nous que les consuls envoient des mails, pour nous dire qu'une famille est à la dérive sur l'autoroute ou qu'un touriste qui doit se rendre en Corse ou en Algérie et qui arrive d'un autre pays d'Europe se retrouve bloqué pendant une demi-journée sous la canicule, sans aucun service à disposition.
Et ça n'est pas le souvenir que nous avons envie qu'il garde de Marseille ».